BROKEN BRIDGE – du blues qui dépote

Broken Bridge est un tout nouveau duo de blues garage, composé des nyonnais MC et Redd Knee et qui s’est produit déjà à plusieurs endroits sur les bords du Léman. Ils participent actuellement au concours Music City Tour et à l’heure où nous écrivons ils ont gagné un quart de final devant cinq autres groupes au Bouffon de la Taverne à Genève. Et nous on ne doute pas un instant qu’ils iront plus loin, en tout cas on leur souhaite. On pourra les écouter à plusieurs endroits dans les prochaines mois et notamment au Blues Rules Festival de Crissier.


Salut MC et Redd Knee ! Ensemble vous formez le duo Broken Bridge, comment vous êtes-vous rencontré et quand est né le groupe ?

MC : C’était en 2015. On s’est rencontré au gymnase (l’équivalent du ‘collège’ genevois) de Nyon. J’étais dans les vestiaires de gym et j’avais ma guitare avec moi quand tout à coup, j’entends quelqu’un qui me dit : ‘Tu joues de la guitare ?’. C’était Redd Knee. Je lui ai répondu que oui, et il m’a dit qu’il jouait de la batterie, on a alors commencé à discuter musique… Je me souviens, on avait parlé de Stevie Ray Vaughan (rires) ! On s’est alors dit qu’il fallait qu’on se voit pour jouer ensemble…Cc’est comme ça qu’on a fondé notre premier groupe de rock, avec un ami bassiste et un autre guitariste, qui a duré jusqu’en fin 2016, lorsque j’ai décidé de quitter le groupe pour des raisons musicales. J’ai donc formé un nouveau projet d’improvisation avec des amis, dans un style plus blues-funk ambiant. Par la suite, nous avons eu envie de jouer ensemble de nouveau, Redd Knee. Nous avons donc décidé de créer ce nouveau duo, en assemblant nos points communs musicaux.
Redd Knee : Le duo a été formé pendant l’été 2017, mais étant donné qu’on avait déjà créé de la musique dans le passé le groupe s’est mis en marche assez rapidement, ce qui peut expliquer la croissance assez fulgurante de notre duo.

Pourquoi le nom de Broken Bridge ?
MC : A vrai dire, nous étions en train de boire une petite bière sur une terrasse à Lausanne, le 24 juin 2017, et nous cherchions un nom pour notre nouveau projet. Après un long moment de réflexion, j’ai tourné la tête et aperçu le pont St-François, et j’ai ensuite dit à Redd Knee : « Bridge ! ». Nous avons donc trouvé le nom de Broken Bridge, qui symbolise aussi ce nouveau projet avec Redd Knee, de « réparer le pont cassé ».

Broken Bridge @ Music City Tour, le Bouffon de la Taverne, Genève, Switzerland, 01.03.2018.
(c) Christophe Losberger – www.daily-rock.com

Quel est votre parcours musical personnel ?
MC : Dès mon plus jeune âge, j’ai commencé à écouter divers styles musicaux et surtout à porter un grand intérêt pour le blues. Ayant un père musicien professionnel, il est vrai que j’ai su en premier grimper sur ses basses avant de savoir marcher sur mes deux pieds. J’ai été bercé par la funk, le jazz, et surtout le rock comme les Rolling Stones ou les Beatles. A l’âge de 8 ans et demi, j’ai décidé de mon plein gré d’acquérir ma première guitare (classique). Après cela, j’ai débuté en apprenant quelques classiques avec mon père, tels que Back in the USSR ou Let It Be, des Beatles. J’ai poursuivi ma formation avec un prof de guitare, Fred Bonnard (à Prangins). Ma curiosité s’éveillant toujours plus, j’ai commencé les cours de guitare classique au Conservatoire de l’Ouest vaudois (COV), à Nyon. J’ai appris les arpèges avec Claudio Glave, professeur de guitare. Par la suite, l’envie m’est venue de changer de style musical, et de passer à de la musique plus « jazz-rock », mais toujours au COV. C’est là que j’ai commencé à développer mes techniques bluesy avec Jean-Marc Pillard, ainsi qu’en jouant en parallèle dans l’atelier jazz du Conservatoire.
Redd Knee : J’ai commencé l’apprentissage de la batterie vers l’âge de 8 ans, mes parents voulaient que je commence à apprendre à jouer d’un instrument, et pour une raison quelconque j’ai choisi le plus encombrant (rire). J’ai pris mes leçons de batterie à Espace Musique à Nyon, un ancien magasin de musique, et j’ai probablement eu au moins 5 professeurs différents, ce qui m’a ouvert les yeux à une multitude de manières et de styles d’appréhender l’instrument. Aux alentours de mes 12 ans j’ai découvert Nirvana, et par conséquent Dave Grohl, qui reste très probablement ma plus grande inspiration pour la batterie : j’aurais littéralement pu passer des journées entières à essayer d’imiter ses performances avec Nirvana, progressant à chaque tentative. De cet apprentissage acharné, j’ai doucement adopté le style qu’il avait avec Nirvana (Them Crooked Vultures est une autre histoire), très simple, mais extrêmement puissant, et force est d’admettre qu’il m’influence encore aujourd’hui. Par la suite j’ai joué dans différents groupes de rock à longévité variable, et j’ai également intégré l’atelier jazz du Conservatoire pendant deux ans.

Même si votre musique est presque plus garage, voire punk – que blues, le fond est absolument blues, et même blues traditionnel du Mississippi. Comment expliquez que de jeunes musiciens comme vous (moins de 20 ans les 2) s’inspirent de ce genre musical ?
MC : Comme je l’ai dit, j’ai toujours été passionné par le blues. Selon moi, le blues est bien plus qu’un simple genre musical. Il est partout, tous les jours nous le retrouvons. Le blues est issu de la culture des esclaves noirs, il a une énorme histoire, alors oui une histoire emplie de souffrance et de violence, mais c’est de là qu’il vient. Ce qui est essentiel avec le blues, c’est que ce n’est pas quelque chose qui s’apprend, ça surgit du fond des tripes à n’importe quel moment de la journée. La plupart des musiciens contemporains de blues ont commencé par apprendre à jouer en écoutant des disques de bluesmen, et à copier ce qu’ils entendaient. C’est une bonne façon, mais selon moi, il est important de pouvoir s’émanciper par la suite. Une fois tous ces accords et mélodies acquis, il faut mélanger et jouer ce qui nous vient à l’esprit. Et c’est ça que nous faisons avec Redd Knee, jouer ce qui vient sur le moment en répète.
Redd Knee : Je ne peux pas dire que j’ai autant hérité du blues que MC, mais des artistes que j’écoute régulièrement ont définitivement une dette envers le blues. Typiquement, Captain Beefheart est un artiste qui m’inspire beaucoup, et même si son œuvre n’est pas purement du blues, on est forcés de constater l’influence que le genre a eu sur lui et sa manière de chanter.

Broken Bridge @ Music City Tour, le Bouffon de la Taverne, Genève, Switzerland, 01.03.2018.
(c) Christophe Losberger – www.daily-rock.com

Quels sont vos influences principales dans le vieux blues ?
MC : Mes influences sont nombreuses, mais je vais énoncer quelques bluesmen essentiels pour moi. Au niveau du jeu de guitare, je citerai tout d’abord Big Joe Williams que j’adore. Ensuite, Muddy Waters qui est une figure mythique du blues, puis Albert King. Je terminerai par John Lee Hooker qui semble être le bluesman qui a fortement inspiré ma façon de chanter (avec Big Joe Williams bien sûr).

Quels sont vos influences dans le blues alternatif et moderne ?
MC : Alors là je pense que ça varie pas mal. Je dois dire que j’apprécie énormément Keb’ Mo’, qui est un bluesman monstrueux, et qui en plus de ça est très gentil et intéressant (je l’ai croisé à Montreux) – (rire). Il faut quand même que je cite Keith Richards des Stones, et également Chuck Berry, l’inventeur du rock’n’roll, parce que pour moi, c’était une légende. Sa façon de chanter et son jeu de guitare m’ont toujours impressionné. Sinon je citerais aussi Dan Auerbach, guitariste et chanteur des Black Keys, qui a très influencé mon jeu de guitare, et nos compositions aussi je dois avouer !
Redd Knee : Encore une fois Captain Beefheart pour sa créativité infinie : Safe as Milk est selon moi un des meilleurs albums jamais conçus, parce qu’il arrive à concilier un esprit avant-gardiste et une révérence infinie au passé d’une manière très élégante, que selon moi très peu d’autres artistes ont réussi à atteindre à ce jour. Sinon, je citerais probablement des groupes comme MC5 ou The Stooges, dont la passion et l’intensité ont rarement été égalé : selon moi les performances de ces deux groupes sont presque inégalables en terme d’énergie et de passion brute, alors qu’ils passaient leur temps à hurler à la mort par-dessus des guitares désaccordées, ou à se lancer dans des jams bruitistes interminables ! Pour moi l’intensité a bien plus de valeur que la précision technique, et je pense que la découverte de ces deux groupes m’a définitivement influencé dans ce sens-là : des morceaux comme Starship ou Fun House sont pour moi des exemples d’émancipation musicale hors pair, et je ne pense pas que j’interpréterais nos morceaux de la même manière si je ne les avais pas découverts.

MC, je t’ai vu jouer sur une gratte complètement inconnue, l’autre jour, qu’est-ce que c’était cette guitare ?
MC : En fait, c’est une guitare assez rare dont j’avais jamais entendu parlé jusqu’au moment où je l’ai vu dans un magasin de vinyles et de matériel vintage. Je l’ai vu accrochée sur ce mur et j’ai flashé. C’est une Watkins Rapier 33, fabriquée en Angleterre en 1963.

Vous êtes en train de participer au concours Music City Tour, dont vous avez gagné le quart de final le 1er mars au Bouffon de la Taverne. Qu’est-ce qu’il y a à gagner dans ce concours et qu’espérez-vous en tirer pour le groupe ?
MC : Il y a de nombreux lots comme par exemple, deux ans d’études à la Music Academy de Nancy, un séjour à Marrakech, ou encore une semaine d’enregistrements dans un studio à Bruxelles. Mais nous, nous le faisons pour la musique, pour le simple plaisir de jouer sur scène. On s’est dit que c’était une bonne occasion pour se produire devant un nouveau public et de se faire de nouveaux contacts aussi.

Vous avez récemment sorti 3 morceaux, est-ce que vous avez déjà des projets d’album ?
MC : Oui, nous avons enregistré à la fin du mois d’octobre, trois titres qui figurent sur notre premier EP que nous vendons nous-mêmes en laissant aux gens mettre le prix qu’ils veulent. Ces compositions (False Friend, My Pretty Woman, et Don’t go to the river) ont été enregistré par Dom Torche au studio Relief à Belfaux, près de Fribourg. On aimerait bien pouvoir enregistrer un album avec toutes nos compositions (on doit en avoir une dizaine actuellement).
Redd Knee : Je pense qu’après la vague de concerts qui arrive on va définitivement prendre du temps pour se consacrer uniquement à la création de l’album. Avec un peu de chance il sera finalisé à la fin de l’année.

Merci à vous deux, ma dernière question : où est-ce qu’on peut vous entendre dans les prochains mois ?
MC : On va jouer à la Blues Association de Genève (BAG) le 17 mai, à la Galicienne à Prilly le 25 mai, et puis surtout on va faire l’ouverture du Blues Rules Festival de Crissier, le 1 juin !
Redd Knee : Au plaisir.

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